Méli-mélo
Le 10 novembre 2022
Charançon du Laser (Liparus dirus)
Avec une taille de près de 2 cm, le Charançon du Laser est l’un de nos plus grands Charançons. Peu fréquent, il affectionne les biotopes secs et pierreux des régions montagneuses. Ce Coléoptère d’un noir mat appartient à la famille des Curculionidae dont les représentants sont facilement reconnaissables à leur tête prolongée par une sorte de museau portant des antennes coudées et, à son extrémité, des pièces buccales broyeuses. Cette famille regroupe des insectes phytophages dont certains peuvent occasionner d’importants dégâts dans les cultures ou les récoltes.
Rien à craindre avec ce Liparus qui ne s’intéresse qu’au Laser. Non pas le rayon du même nom mais un genre botanique de la famille des Apiacées aux grandes ombelles de fleurs blanches, dont trois espèces cohabitent au-dessus de 1000m sur le Ventoux-Nord : Laser de France, Laser siler et Laser à larges feuilles. Le Charançon n’a donc que l’embarras du choix pour son alimentation et celle de ses larves. Il se distingue des 4 autres espèces de Liparus de France par son sillon latéral profond et arqué sur le "museau".
Le 13 août 2022
Hoplie bleue (Hoplia coerulea)
L’Hoplie bleue est un petit Coléoptère (environ 1cm) de la famille des Scarabaeidae que l’on peut rencontrer entre juin et juillet au sud de la Loire dans les biotopes humides : bords des mares, des rivières et des ruisseaux, fossés. La remarquable couleur des mâles, d’un bleu azur nacré, donne son qualificatif à l’espèce. Les femelles sont brunes et très discrètes, passant la plupart de leur temps cachées au niveau du sol.
Ce bleu singulier des mâles n’est pas dû à un pigment présent dans la carapace mais à un phénomène physique d’ interférences lumineuses. Le corps des mâles est en effet couvert de sortes d’écailles rondes appelées squamules, renfermant chacune un empilement de lamelles de chitine. Cette superposition de couches minces réfléchissantes privilégie certaines longueurs d’ondes, la lumière diffusée apparaissant bleue et l’iridescence variant selon l’angle de vision.
Le 8 août 2022
Etoilée ou Bombyx étoilé (Orgyia antiqua)
Avec ses couleurs vives et ses "houpettes" qui lui donnent des allures de brosse multifonction, la chenille de l’Etoilée (Hétérocère de la famille des Erebidae) est certainement l’une des plus originales. Autrefois commune dans toute la France, cette espèce est en forte régression sans que l’on en connaisse les raisons. La chenille est en effet peu exigeante pour sa nourriture (polyphage sur de nombreux arbres et arbustes, ici un Saule).
La chenille ne craint pas les prédateurs, protégée par des soies urticantes dont certaines sont enduites de toxines. Cette protection est toutefois inefficace vis-à-vis des parasitoïdes, Tachinaires ou certains Hyménoptères..
Les adultes volent en une ou deux générations selon les régions. Chez cette espèce, ils ne s’alimentent pas et consacrent leur courte vie à la reproduction. Les femelles ont la particularité d’avoir un abdomen volumineux et des ailes atrophiées qui excluent toute possibilité de vol. Les mâles sont guidés vers les femelles par les phéromones qu’elles émettent. Après l’accouplement, chaque femelle pond plusieurs centaines d’oeufs puis meurt.
Le 7 août 2022
Volucelle bourdon (Volucella bombylans)
La ressemblance avec un bourdon est surprenante. Pourtant, la Volucelle bourdon est une mouche. Ce Diptère de grande taille (11 à 17 mm) appartient à la famille des Syrphidae dont la plupart des représentants sont mimétiques d’Hyménoptères (guêpes le plus souvent mais aussi frelon pour la Milésie faux-frelon ou la Volucelle zonée, bourdons pour certains Merodon et Eristalis). Ce déguisement dissuasif (= livrée aposématique) permet à ces mouches inoffensives d’être épargnées par les oiseaux et autres prédateurs ayant fait la cuisante expérience du dard des Hyménoptères.
Si les adultes sont floricoles et bons pollinisateurs, les larves de la Volucelle bourdon sont quant à elles détritivores. La femelle pond dans les nids d’hyménoptères sociaux, principalement celui des bourdons, son mimétisme lui évitant de se faire repérer comme un intrus. Les larves se nourrissent des différents déchets de la colonie, parfois aussi de quelques larves de l’hôte.
Le 2 avril 2022
Cicindèle champêtre (Cicindela campestris)
La Cicindèle champêtre est un Coléoptère Carabidae de 12 à 16 mm que l’on peut rencontrer dès la fin mars dans les biotopes bien exposés. C’est un prédateur aux redoutables mandibules pointues et dentées qui capture ses proies à la course, ses longues pattes lui conférant une rapidité exceptionnelle. En cas de danger, elle effectue de courts vols qui s’apparentent plutôt à de longs bonds. De ce fait, elle ne se laisse pas facilement photographier, s’envolant dès qu’on l’approche.
La Cicindèle champêtre affectionne les milieux ouverts ensoleillés à végétation rase où elle repère facilement ses proies avec ses gros yeux saillants. La femelle se distingue du mâle par deux petites taches noires dans la partie antérieure des élytres. Elle pond dans le sol, choisissant un substrat peu végétalisé. La larve creuse un terrier vertical ou en entonnoir et chasse à l’affût les insectes qui passent à proximité de l’entrée de sa galerie.
Le 28 mars 2022
Argus vert (Callophrys rubi)
L’Argus vert encore appelé Thècle de la Ronce est un petit papillon (20 à 26 mm d’envergure) commun et à large répartition que l’on peut observer dès les premiers beaux jours du printemps. Il affectionne les biotopes broussailleux bien exposés : friches parsemées de buissons, lisières et haies. Le revers des ailes est d’un magnifique vert émeraude. Cette coloration permet au papillon de passer inaperçu lorsqu’il se pose dans la végétation. Le dessus des ailes est brun uniforme.
Il vole en une seule génération, généralement de mars à juin, parfois plus tôt ou plus tard selon l’altitude. Les chenilles se nourrissent sur de nombreuses Fabacées mais aussi sur Cornouiller et Ronce (rubus est le nom latin de la Ronce). Les imagos perdent progressivement leurs écailles et la jolie couleur vert vif disparaît presque totalement chez les individus âgés.
Le 27 mars 2022
Echancré (Libythea celtis)
Visible dès le début du printemps dans les garrigues méditerranéennes, ce papillon doit son nom à ses ailes, brunes ornées de grandes taches orangées, curieusement découpées. Unique représentant européen des Nymphalidae Libytheinae, sa silhouette est caractéristique avec ses deux longs palpes horizontaux prolongeant la tête.
La plante-hôte principale de la chenille est le Micocoulier (Celtis est le nom latin du Micocoulier) mais, dans le Ventoux, des comportements de ponte ont aussi été rapportés sur le Merisier.
Le 11 février 2022
Abeille masquée (Hylaeus sp.)
En ce début d’année 2022 où le masque est d’actualité, voici des abeilles de la famille des Colletidae et du genre Hylaeus, communément appelées Abeilles masquées. Ce nom provient des dessins blancs, parfois jaunâtres, qui ornent leur face et qui sont particulièrement étendus chez les mâles. Ces minuscules abeilles sombres et presque glabres ressemblent à des fourmis ailées. Les différentes espèces d’Hylaeus sont très proches et leur détermination sur photo est quasi impossible.
Les Hylaeus sont des abeilles à langue courte qui affectionnent les fleurs à corolles peu profondes comme celles du fenouil. Contrairement aux autres abeilles solitaires, les femelles n’ont pas de brosse de récolte du pollen. Celui-ci est stocké en même temps que le nectar dans le jabot. L’ensemble pollen + nectar est régurgité dans le nid pour approvisionner les différentes cellules larvaires.
Le nid est le plus souvent construit dans des tiges creuses (ronces) ou à moelle (sureau). Comme chez les autres Colletidae, il est tapissé d’une fine membrane translucide ressemblant à de la cellophane. Il n’est pas rare d’observer sur les inflorescences de fenouil prisées par les Hylaeus une guêpe solitaire à l’ovipositeur démesuré. Il s’agit d’un Gastéruption, une guêpe qui parasite les nids des abeilles masquées.
Les nids de ces abeilles peuvent aussi être parasités par de magnifiques guêpes dorées de la famille des Chrysididae, comme cette Chrysis comparata. Les adultes de cette espèce butinent volontiers les inflorescences de fenouil.