Cynips des galles-cerises (Cynips quercusfolii)

Publié le 9 décembre 2024
Cynips
Galles-cerises du chêne récoltées fin octobre dans les Monts du Lyonnais (69).
En automne, il n'est pas rare de trouver au pied des chênes ces drôles de petites boules un peu rugueuses, diversement colorées de jaune verdâtre et de rouge plus ou moins foncé. Ce sont des galles ou cécidies provenant des chênes. Elles sont communément appelées galles-cerises.
Cynips
Galles-cerises sur des feuilles de chêne en fin d'été.
D'un diamètre pouvant atteindre 2 cm, elles sont développées par la feuille de chêne en réaction à la ponte de Cynips quercusfolii une minuscule guêpe (4 mm) appartenant aux Hyménoptères Cynipidae. Ces galles-cerises se forment durant l'été sur la face inférieure des feuilles, au niveau d'une nervure et se retrouvent dans la litière lors de leur chute en automne.
Cynips
A gauche : coupe dans une galle-cerise de fin d'été montrant la larve de Cynips quercusfolii dans sa loge centrale - A droite : coupe dans une galle-cerise fin octobre : la larve a terminé son développement et est devenue un imago (= adulte) femelle.
La galle-cerise est le résultat d'une manipulation du métabolisme de la feuille de chêne par le Cynips. Les tissus foliaires au contact de l'oeuf puis de la larve se modifient. Ils prolifèrent, s'organisent et se soudent en une sphère abritant en son centre la cavité larvaire tapissée d'un tissu nourricier. La galle assure ainsi le gîte et le couvert à l'insecte durant son développement. Chaque galle-cerise abrite une unique femelle de C. quercusfolii (pas de mâle pour cette génération). Celle-ci émerge de la galle en hiver en creusant un tunnel à travers la paroi à l'aide de ses mandibules.
Cynips
Cynips quercusfolii ♀ parthénogénétique extraite d'une galle-cerise.
En l'absence de mâles, elle va pondre des oeufs non fécondés (= parthénogenèse) dans des bourgeons de chêne en dormance qui seront à l'origine du développement, au printemps suivant, de très petites galles rougeâtres. De ces galles sortiront en été des adultes mâles et femelles. Après accouplement, les femelles pondront sous les feuilles de chêne (avec une préférence pour les grandes feuilles) et induiront la formation de nouvelles galles-cerises. Ce cycle complexe avec une alternance de générations (asexuée et sexuée) et de galles bien différentes a longtemps intrigué les scientifiques qui pensaient avoir affaire à deux espèces de Cynipidae.
Cynips
A gauche galle d'Andricus dentimitratus sur Chêne pubescent - A droite galle de Plagiotrochus quercusilicis sur Chêne kermès.
Les chênes sont les arbres qui offrent la plus grande variété de galles : 250 d'entre elles ont été observées sur les chênes d'Europe moyenne dont 200 induites par des Cynipidae. Parmi les plus spectaculaires, celle d'Andricus dentimitratus recouvre les cupules des glands d'excroissances rouges et collantes chez divers chênes blancs méditerranéens (galle en champignon de la génération parthénogénétique contenant une seule femelle). Celle de Plagiotrochus quercusilicis est localisée sur les feuilles de Chêne vert et de Chêne kermès et englobe une grande partie de la surface foliaire (galle pluriloculaire de la génération sexuée).